Mois : novembre 2021

Le joran selon A. Guex

Le joran    
Pour qui navigue sur la côte suisse, de Genève à Morges, surtout, le joran est l’un des vents les plus imprévisibles. Sauf les rouleaux de nuages arrondis qui coiffent le Jura, rien ne l’annonce. Il approche comme un chat et après un coup de griffe sur les arbres de la rive, il s’abat sur l’eau en grains noirs et pressés.
Moins féroce que sur le lac de Neuchâtel où il plonge des crêtes du Jura comme la bise sur le Dézaley, il est redoutable pourtant surtout pendant les 5 ou 6 premières minutes.

 

Vent d’A. Guex

Le vent
Quand passe le sud-ouest, le lac ressemble à la mer. Les vagues lourdes roulent comme les anneaux d’un gigantesque reptile. L’air est doux, mouillé de pluie dans le ciel sombre où voyagent les nuées.
Remontant vers le nord-ouest dans l’axe du petit lac, il se renforce au passage de celui qui débouche dans le golfe de Coudrée, infléchit insensiblement sa route vers l’ouest et vient battre le haut lac, en lutte souvent, nous venons de le voir, avec la Vaudaire qui n’est qu’un autre visage de lui-même.

Béatitude

Pourquoi sommes-nous si bien sur un bateau et encore mieux dans l’eau ?
Lors de la vie intra-utérine (Le fœtus), l’être humain est alors dans des conditions qui le mettent presque entièrement à l’abri de toute excitation désagréable, il est dans un état de détente totale. Est-ce la mort ? Non.  Est-ce la vie ? Pas tout à fait non plus. C’est peut-être l’état de satisfaction absolue que l’être humain ne retrouvera jamais plus sauf dans certaines formes de schizophrénie. La venue au monde met brutalement fin à cette béatitude.         P. Flottes
 C’est alors sur l’eau ou mieux dans l’eau que nous pouvons tenter de nous rapprocher de cet état de grâce. Avez-vous déjà remarqué les baigneurs dans les piscines chaudes… identiques à des hippopotames bien heureux !

La vaudaire selon A. Guex

La Vaudaire

Les pêcheurs ne l’aiment pas. Quand les nuages montent du sud-ouest ou que la plaine est engorgée d’orage, avant d’aller tendre leurs filets, ceux de la Tour épient à la jumelle la pointe du Rh
ône et la torsade noire et blanche qui annonce la chevauchée folle de ses moutons. Elle est déraisonnable et méchante. Ses vagues d’un vert éblouissant où joue la lumière n’ont pas le temps de trouver leur rythme qu’elles butent déjà contre la côte vaudoise à grands coups saccadés et brutaux tandis qu’au large les crêtes arrachées courent sur l’eau comme un duvet léger.
Débouchant de la plaine dans l’axe sud-est, nord-ouest, elle s’ouvre aussitôt en éventail vers Vevey qu’elle atteint de plein fouet, vers Cully qu’elle dépasse rarement et longe la côte de Savoie d’est en ouest à une vitesse de 20 à 30 m par seconde.
Une ou deux fois l’an, elle atteint Ouchy et Morges.