Taxes à l’immobilité

 

… Et l’homme inventa l’automobile.

Reconnaissons que le succès remporté par ce qui fut conçu jadis comme un génial moyen de rouler vers la liberté, était imprévisible.

La multiplication effrénée des voitures, là je saute quelques décennies, confronta le pouvoir exécutif au dilemme suivant :  qu’allions-nous faire de tous ces véhicules ?

Pour les autos-mobilistes, quelques commandements furent érigés :

– Tu rouleras à la droite de la route.
– Tu n’écraseras pas ton prochain
– Si une portière quelqu’un t’abîme, tu tendras l’autre.
– Tu vénéreras celui qui est à ta droite, etc.

Enfin, tes infractions seront impitoyablement frappées de l’opprobre policière. Dans les cas extrêmes, elles pourront même te conduire à l’exclusion du paradis bitumé.

Il fut très vite constaté que ces objets roulants identifiés, parfois s’arrêtaient aussi. Il fut alors organisé des aires de repos pour ces valeureux chevaux-vapeur.

C’est ici qu’intervinrent les comptables politiciens : les véhicules ci-dessus cités engendrent, c’est bien connu, des frais tels que comblement des nids-de-poule, entretien des massifs fleuris à l’entrée des parkings ou uniformes des gendarmes. En conséquence, on décida de mettre la main à la poche des automobilistes les délestant d’une obole, quoi de plus normal ! Ils étaient ainsi taxés pour l’espace public occupé, une sorte de location, encore normal !

Or quelques temps plus tard, les enfants des premiers comptables extirpèrent de leurs esprits opportunistes le postulat suivant : l’objet de jadis symbole de liberté, étant devenu reconnaissons-le, indispensable, il suffisait d’adjoindre aux diverses taxes déjà perçues, un petit supplément sanctionnant l’auto-immobile … pas cons  les mecs !

– Tu roules, tu paies, tu roules trop vite, tu paies, tu t’arrêtes, tu paies encore… et c’est tout nouveau, cela vient de sortir, tu paies aussi le dimanche !
Tout de même un rien contrariés, certains de ces automobilistes ne désirant pas systématiquement effectuer leurs achats dans les centres commerciaux périphériques, là où le stationnement est gratuit, certains de ces fieffés radins privilégièrent d’autres moyens de locomotion, à deux roues, ceux-là.

Messieurs les politiciens financiers, petits enfants des premiers comptables :  oserais-je  une suggestion ? Vous voulez nous sommes d’accord, plus d’argent dans vos caisses ! Les usagers de la route boudent leurs automobiles ? Qu’attendez-vous pour taxer les motos et vélos  stationnés impunément au bord de ces routes ?

Dans un premier temps, vous pourriez percevoir, par exemple un franc pour les motos, cinquante centimes pour les vélos, cinquante centimes ce n’est pas la fin du monde ! Ensuite, l’augmentation progressive des tarifs ne posera aucun problème, la technique est bien connue.

Dernière suggestion mais là j’ai la sensation d’aller un peu vite : nous avons aujourd’hui les moyens de suivre n’importe qui où qu’il se trouve… le téléphone mobile, vous connaissez ? Introduisons subrepticement dans ces miraculeux petits appareils, une puce–mouchard qui enregistrera automatiquement nos faits et gestes. Vous voyez d’ici la recette ?

Facture adressée à Monsieur Dubobet, piéton : quatre heures de marche sur le quai : 2 francs. 2 heures à ne rien faire, assis sur un banc public : 1.50 francs. 15 minutes les pieds dans l’eau du lac : 30 centimes. Il conviendra bien entendu d’y adjoindre la TVA.

Si l’idée du téléphone portable recèle quelques inconvénients, à l’époque où nos compagnes ont remplacé leurs seins et fesses par du silicone de belle apparence, à la même époque où leurs mâles se transpercent les parties les plus secrètes, d’objets métalliques hautement esthétiques, qu’en coûterait-il de profiter de l’une de ces interventions pour greffer derrière l’oreille ou à l’endroit de son choix, la petite puce révélatrice de vos activités. On pourrait aisément imaginer que ce module serait relié à l’ordinateur central qui débiterait automatiquement nos comptes de la somme idoine. Mais pour cela, il faudra encore un peu patienter…

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