Interview N°2

Interview N° 2

 

L’ami marin des Alpes, montagnard des océans nous a accordé le privilège d’une deuxième interview. Cet entretien fait suite à celui du 2 avril, relaté dans la même gazette. En voici l’essentiel :

Moi – Deux régates ont suivi la première, sujet de notre première interview, l’une en solitaire, l’autre avec ton frère Loïc, quelles sont tes impressions générales ?
                                                           Devant la stupidité de la question :
Lui – Euh… Euh… J’ai validé !

Moi – Tu préfères naviguer seul ou à deux ?
Lui – (rire) Euh ! Seul !

Moi – Aurais-tu pu envisager de naviguer avec quelqu’un d’autre que ton frère ?
Lui – Envisager, oui, mais pas forcément envie, car on a déjà navigué ensemble, mais avant, on n’a pas eu le temps, il fallait qu’on renavigue ensemble, il y avait trop longtemps.

Moi – Après ces deux régates assez importantes, comment s’est comporté ton bateau ?
Lui – Ce n’était pas des régates importantes, c’était des petites régates pour l’instant de début de saison mais… il s’est bien comporté, il m’a montré qu’il avait besoin que je prenne encore un peu soin de lui, que je le bichonne, mais il s’est bien comporté, c’est juste quelques petites casses mais le bateau est validé

Moi – Vas-tu essayer de le rendre plus rapide ?
Lui – (rire) Oui ! Oui, oui…

Moi – Quel est l’outil indispensable que tu as oublié d’embarquer?
Lui – (Longue réflexion) Euh. L’outil indispensable ? (Re-réflexion) C’est sûrement au niveau des cartes. J’avais toutes les cartes obligatoires, j’avais préparé ma nav. Sur des zooms de cartes sur lesquelles les latitudes et longitudes étaient fausses, donc ça m’a un peu emmerdé.

Moi – Qu’est-ce qui est le plus difficile à gérer ? Les vents, les courants, les marées ?
Lui – Les courants et les marées quand on vient du lac, à part la marée annuelle, c’est facile, sur le lac, là bas, c’est un peu plus compliqué.

Moi – Comment as-tu géré ton sommeil ?
Lui – Bien (rire) Non, Ca va… Bien, des siestes de dix minutes, parfois de vingt minutes, des siestes de dix minutes répétées et ça va.

Moi – T’est-il arrivé d’être à bout de forces ?
Lui – Physiquement, non ! De la fatigue, oui mais c’est de la fatigue due à l’effort, c’est tout, c’est de la fatigue due au rythme de sommeil mais due à l’effort, pour l’instant, non !

Moi – Raconte l’histoire de ton réveil !
Lui – Ah ! Oui, il sonne fort ! C’est quoi, l’histoire ?

Moi – Son utilisation !
Lui – Eh bien, c’est un petit boîtier que j’ai mis sous la descente du pont, ce qui veut dire que quand je suis en position pour dormir, je suis obligé de me déplacer pour aller l’éteindre et vu qu’il sonne très fort, physiquement, il fait mal aux oreilles, c’est dur pour les oreilles, c’est très bien, je suis quasiment obligé de me déplacer pour l’éteindre et ca marche !

Moi – Peux-tu dormir étendu ?
Lui – Moi je ne l’ai pas fait, je pense que c’est possible mais sur de la navigation côtière, je ne l’ai pas fait parce que comme je l’imagine, plus on est confortable et plus on dort… Alors le but, c’est de dormir dans une position qui est acceptable sans être trop trop confortable, essayer de se caler mais pas comme dans un lit.

Moi – Tu as donc peur de ne pas te réveiller !
Lui – Oui !

Moi – En ce qui concerne le vainqueur de la régate, penses-tu que son avance était principalement due à son bateau ou à lui-même ?
Lui – Eh ben, aux deux ! Parce que le bateau est déjà révolutionnaire , c’est l’ancien Magnum et puis lui, c’est un navigateur professionnel et il a en mini déjà au moins deux ou trois saisons dont une transat.. Je crois qu’il avait aussi fait une Figaro… Je ne suis pas sûr mais c’est un pro… Je pense que c’est du aux deux.

Moi – Comme lors de la dernière interview, quels furent les bons moments ?
Lui – (Longue réflexion accompagnée d’une moue) Les bons moments… Le meilleur moment c’est le convoyage retour parce qu’il y avait une vingtaine de nœuds au portant et ça allait vite, c’était bien, ça tenait réveillé, sinon pendant la course, je n’ai pas pu vraiment les savourer… Je pense qu’il y en a eu mais vu que je me trouvais souvent derrière et je passai mon temps à recoller le peloton et que je me retrouvais derrière etc.… Ce n’était pas forcément le plus facile d’en profiter mais si, si, quand le bateau va bien qu’on est à la bonne vitesse, c’est agréable mais quand on voit le retard qu’on récupère et qu’on se voit reprendre le retard qu’on a récupéré, c’est un peu plus énervant que si il n’y avait que de bons moments.

Moi – Penses-tu que si tu avais eu un bateau avec un accastillage plus solide, tu aurais pu plus facilement remonter les concurrents, En somme tu as perdu pas mal de temps en réparations diverses.
Lui – Oui, mais moi, à la base, je n’ai pas le même niveau que les autres, Je ne suis pas breton donc les courants, les marées, les effets, mais c’est clair que si je n’avais pas eu les nombreuses petites casses, peut-être que j’aurais pu revenir sur le peloton… Oui… Avec des si ! On verra à la longue, quand le bateau sera fiabilisé et que pourrai me concentrer plus sur la préparation de la nav je pourrais jouer un petit peu mieux avec les autres… Enfin pour l’instant, je suis un peu à la traîne mais j’ai fini les courses, c’est déjà pas mal parce que j’ai réussi les qualifs.

Moi – Y a-t-il une question que tu détesterais qu’on te pose ?
Lui – La question que je n’aimerais pas qu’on me pose : Est-ce que ça s’est bien passé ? (Rire)

Moi – Et quelle est la question que tu aimerais qu’on te pose ?
Lui – Euh. Ouff je ne sais pas (Re rire).

Moi – Dernière question : As-tu regretté parfois de ne pas manger avec nous à la Coop ?
Lui – Oui… Oui, oui, oui, oui, oui, lors de la dernière course, j’avais embarqué peu de ravitaillement et… Oui, j’aurais bien mangé à la Coop le dernier soir.

Moi – y a-t-il encore quelque chose que tu voudrais ajouter ?
Lui – Rien de particulier, bravo à la gazette ! (Rire soulagé)

La rédaction note que le marin aurait bien voulu manger à la Coop mais il n’ a pas ajouté : Avec vous…