Loucherie littéraire

Comme nous le savons tous, Monsieur de la Fontaine a écrit de nombreuses fables. En voici une célèbre que je me suis permis de travestir pour l’amariner un peu !! Et un peu de culture ne nuit à personne…

Le lièvre et la tortue

Rien ne sert de courir, Il faut partir à point
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage
Gageons dit celle-ci que vous n’atteindrez point
Si tôt que moi ce but. Si tôt ? Etes-vous sages ?
Repartit l’animal léger
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore
Sage ou non, je parie encore
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire
Ni de quel juge l’on convint
Notre lièvre n’avait que quatre pas à faire
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint
Il s’éloigne des chiens les renvoie aux calendes
Et leur fait arpenter les landes
Ayant dis-je du temps de reste pour brouter
Pour dormir et pour écouter
D’ou vient le vent, il laisse la tortue
Aller son train de sénateur
Elle part, elle s’évertue
Elle se hâte avec lenteur
Lui cependant méprise une telle victoire
Tient la gageure à peu de gloire
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard, il broute, il se repose
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure, à la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière
Il partit comme un trait mais les élans qu’il fit
Furent vains ; la tortue arriva la première
Et bien lui cria t-elle, n’avais-je pas raison
De quoi vous sert votre vitesse
Moi l’emporter mais que serait-ce
Si vous portiez une maison ?

Le Cata et le corsaire

Rien ne sert de courir, il faut partir à point
Le cata et le corsaire en sont un témoignage.
Gageons dit celui-ci que vous n’atteindrez point
Si tôt que moi cette bouée. Si tôt ? Etes-vous sages ?
Répartit le bateau léger
Il vous faut consulter le capitaine fracasse !
Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait, tous les deux partis
On mouilla une bouée lointaine
Le cata n’ayant que quelques bords à faire
Ne se soucie guère de son avance
S’éloigne du but et renvoie aux calendes
Le bout de la régate
Ayant dit-il du temps de reste pour pêcher
Rêver ou s’offrir somnolence
Qu’importe d’où vient le vent, il laisse le corsaire
Aller son train de sénateur.
Le corsaire part et s’évertue
Il se hâte avec lenteur
L’autre cependant méprise une telle victoire
Tient la gageure à peu de gloire
Croit qu’il va de son honneur
De partir tard, il vire de bord, se repose
Et s’amuse à toute autre chose
Quand au gré du vent il vit
Que l’autre touchait presque au but de la gageure
Il borda sec et souqua mais les élans qu’il fit
Furent vains, le corsaire arriva le premier.
Et bien lui cria-t-il, n’avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse
C’est moi qui l’emporte que feriez-vous
Si vous aviez une cabine ?