Mois : mars 2014

Communication importante…

Le  Service de la Navigation m’a chargé par l’intermédiaire de la Gazette du Port de faire part aux plaisanciers d’une décision importante et sans appel.
Le nombre de collisions sur notre plan d’eau étant en forte augmentation depuis quelques temps, il a été établi une loi par l’instance concernée :
Dès le 1er juin 2014, toute embarcation naviguant sur le lac Léman ( zone Helvétique ) sera tenu d’allumer ses feux de route, de jour comme de nuit. Il sera procédé à de fréquents contrôles pénalisant tout contrevenant. Les dits contrôles seront confiés au garde port, Monsieur R. Sieber et à ses assistants policiers du lac, qui auront  licence de verbaliser  tout non respect de la loi. ( Les tarifs seront affichés dans le local du garde-port )
PS: Lors des contrôles ci-dessus cités, le taux d’alcoolémie des skippers sera aussi déterminé. Nous rappelons qu’il doit être inférieur à 0.5 pour mille.
Nous sommes persuadés que les navigateurs accueilleront favorablement ces décisions et se soumettront de bonne grâce à l’autorité de l’officier Monsieur R. Sieber.
Les propriétaires de dériveurs dont les embarcations sont dépourvues d’éclairage incorporé, pourront se procurer une lampe LED à fixer sur le mât. Cet accessoire agréé par le service de la navigation pourra être obtenu au garage Treina, fournisseur officiel.

Nouvelles de Floride

Grâce à une indiscrétion des services américains aux affaires nautiques, nous avons le privilège de vous montrer ici le bateau que David va rappatrier en Suisse pour le prochain Bol-d’Or.Image

Le poisson – chat

Parfois, je le regrette mais j’avoue nettement  préférer les individus de tendance contemplative aux sportifs bardés d’ambitions pugnaces.

Les pêcheurs qui font partie de la première catégorie me fascinent. Qu’un individu dans notre monde d’activités épileptiques soit capable de s’asseoir sur une pierre face à l’infini lacustre dans le prolongement d’une canne à pêche, immobile comme fondu dans le paysage, des heures durant…

L’autre jour, déambulant le long de mon lac préféré, j’avise l’un de ces contemplatifs. Si mon regard ne s’était attardé, je n’aurais rien à raconter ici. Par bonheur mon attention fut attirée par un élément insolite de ce tableau bucolique. Juste à côté du pêcheur, assis sur une pierre plate, la mine concentrée entre des moustaches tendues comme des antennes, un chat suivait consciencieusement les mouvements du bouchon flottant sur l’onde tranquille.

– Excusez-moi, monsieur l’amateur de poissons, votre chat est-il myope pour espérer capturer une souris au bout de votre ligne ?

– Ce n’est pas mon chat et je déteste le poisson, mais si vous n’avez rien de mieux à faire, je vous propose d’attendre un peu, vous ne le regretterez pas.

Mon esprit aventurier me fit prendre place sur un caillou voisin. Je n’attendis pas longtemps. Subitement, le bouchon et la queue du félin se mirent à frétiller de concert… il allait se passer quelque chose, je le sentais.

Le geste net et précis du spécialiste, tendit la canne vers l’arrière, sortant de l’eau une jolie perchette, les écailles luisantes d’irisations féeriques. La scène touchait au sublime, trois paires d’yeux convergeaient sur le petit poisson qui rapidement fut maîtrisé par une main experte. Le pêcheur alors se tourna vers son ami tigré et s’adressant à lui :

– Ah ! Tu le voudrais bien, ce beau poisson, et bien il faut le mériter !

Alors le félin entama une étrange danse, véritable rituel initiatique, il se contorsionna, pivota imprimant à sa tête un balancement étrange, tout ceci autour de son repas, tenu fermement par la queue au dessus de sa tête.

Quelques minutes plus tard, jugeant probablement que la démonstration était concluante, le pêcheur présenta l’offrande à Mistigri qui la dégusta avec délectation.

Quelques jours plus tard, me promenant derechef dans les mêmes parages, j’avisai une vieille dame marchant sur le trottoir, suivie de près par un chat. La ressemblance avec le poisson-chat de mon histoire me poussa à questionner la dame.

Contente de pouvoir parler un peu, elle m’expliqua que chaque matin, l’ami félin quittait son confortable panier pour aller, elle ne savait où, mais une chose était sûre, à son retour, jamais il ne touchait à la pâtée pourtant succulente qu’elle lui préparait journellement.

– Regardez-le ! Son poil est luisant, il n’a pas l’ai affamé, n’est-il pas vrai ? Je ne comprends pas…

Le chat me regarda et sourit d’un air entendu, je compris que nous étions complices d’un secret qui devait rester entre nous.

Au revoir, Madame, votre chat est très joli, on voit qu’il est bien soigné.   JM