LA GYMNASTE (Rien à voir avec le port, juste mon opinion à l’occasion des jeux olympiques)
Elle ressemble aux enfants – qui s’essaient à la vie
Son regard est ardent – qui chante une petite fille
Mais derrière ce tableau bucolique, la mignonne
Dissimule in petto – de la graine de championne
Plus rapide que son frère – à courir dans les prés
On la voulut première – au rang des médaillés
Cette petite anonyme – deviendrait, c’est certain
Une déesse de la gym – et la fierté des siens
Mais la noble ambition – couvée par ses complices
Et bénie des champions – réclame des sacrifices
D’un corps souple et gracile – on s’acharna dès lors
A sculpter le profil – pour une médaille en or
On la muscla puis l’étira – la tritura, l’écartela
La déforma, la supplicia – puis on recommença…
Mille fois, sur le métier – elle tordit son corps sage
Sous l’oeil sec, sans pitié – des maîtres de l’esclavage
… Elle a bientôt vingt ans – automne de sa carrière
On l’appelle “mon enfant” – mais il y a la manière …
Quelques instants de gloire – son corps est une machine
Tendu vers la victoire – mais son coeur crie famine
Au nounours, son ami – elle confie ses tourments
Elle n’a pas bien compris – et pleure tout doucement
Elle ne fut pas violée – jamais rouée de coups
On l’a même admirée – souriante, sous le licou
Elle apprit la souffrance – victime de l’esclavage
Mais aussi le silence – à subir les outrages
Et nous qui condamnons – les violences enfantines
chauvins, nous admirons – les exploits d’une gamine
Trois minutes de spectacle -pour une vie de martyr
Trois minutes au pinacle – je devrais applaudir ?