Mois : septembre 2021

Nous vous offrons …

… Un joli texte qui nous rappellera probablement certaines de nos aventures semblables.

Personnaliser les éléments tout en les situant dans l’espace et le temps.

Ce matin-là, je n’ai pas hésité à hisser les voiles. En effet, le ciel était d’un bleu calme, le vent s’annonçait en brise molle, un temps de grand-voile pleine et génois léger.

Petite sortie du port au moteur, quelques saluts de la main aux baigneurs matinaux et me voilà nez au vent ; un saut sur le pont, hisser la grand-voile, étarquer puis bloquer la drisse et vite hisser le génois avant que le bateau ne lofe. Etarquer, bloquer la drisse et retour à la barre, prendre le cap, border la grand-voile et le génois, régler le chariot d’écoute et finir par un dernier coup d’œil aux penons. Voilà une belle matinée en perspective. Une légère gîte, un bon angle de cap et un réglage si parfait que le bateau file tout seul, animé par sa seule volonté, oscillant au fil des sautes de vent.

Mais comme le lac est une amante pleine de secrets, ses colères sont aussi soudaines que celles d’une compagne bipolaire. Un rien la contrarie et voilà qu’au fil d’une légère variation de relief, le vent s’engouffre, accélère et se prend pour un monstre prêt à vous avaler avec l’arrogance d’un dieu imbu de sa toute puissance. La balade se transforme rapidement en combat pour tenter de maintenir le voilier sous un certain équilibre et lui permettre de reprendre le cours de sa route, voilure réduite, écoute tendue à mort et ampoules dans des mains meurtries, reflet d’un combat qui n’aura duré que quelques instants et qui ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir… avant la prochaine colère d’Éole tout aussi soudaine et violente.  François Chervaz